Le neuvième mois.

Quel étrange mois que le neuvième mois.

J’écris cet article en un jet, en écriture automatique, il y a donc des « je » qui sonnent comme des affirmations. Voyez-les comme des affirmations me concernant, et non comme des généralités bien entendu.

Quel étrange mois que le neuvième mois. Une grossesse, ça dure 9 mois. 9 mois pleins. ça veut dire que le 9ème, tu le fais en entier. Tu atteins donc les 41 semaines d’aménorrhées. Mais à partir de 37SA, on te considère comme « à terme » : c’est à dire que ton bébé naitra en pleine capacité pour affronter la vie dehors. Le neuvième mois est donc composé de 4 semaines flottantes, où bébé peut arriver à tout moment, mais si les choses suivent leur cour normal il attendra la fin. Et c’est extrêmement confusant.

Confusant pour les gens autour : beaucoup de « alors? » « toujours pas? » « c’est pour bientôt! » qui entretiennent une espèce d’impatience et d’envie de voir bébé. Chaque personne y va de sa petite question, ce qui est adorable car je me rend compte que les gens pensent à moi, mais au bout de 10 fois dans la semaine ça devient un peu lourd. Ils n’y sont pour rien, les pauvres. Alors je garde cette lourdeur en moi.

Et je fais avec la mienne, en plus.
Lourdeur de voir la fin de cette grossesse idyllique si proche. Le temps file et j’ai beau tenter de m’y accrocher, il glisse entre mes doigts.
Lourdeur de l’âme de penser que dans moins d’un mois, il n’y aura plus Toi au creux de Moi. On ne serai plus 2 en 1. On sera deux êtres parfaitement distincts (je n’ose pas dire détachés car ça ne sera pas tout à fait vrai).
Lourdeur physique aussi, car mine de rien tu as désormais le poids d’un vrai nourrisson, ça pèse et mon dos commence à flancher, lui qui a été héroïque jusque-là. Mon centre de gravité est chamboulé, je cogne ce gros bidon partout (je culpabilise de te secouer à chaque fois) et j’ai plusieurs fois faillit tomber, par négligence (quelle horrible mère je fais? déjà?).

On me dit que je dois en avoir marre.
Non. Non ? Non. Marre de quoi ? De me réveiller avec tes petits sursauts qui m’annoncent que tu as faim ? De m’endormir avec ces vaguelettes qui traversent mon ventre inlassablement ? Des ces petits coups incessants, parfois gênants, parfois douloureux, mais qui me rappellent à chaque minute ta douce présence ? J’adore ça, je suis en osmose totale avec toi, j’accepte mon corps comme jamais je ne l’ai accepté avant, comme une évidence qu’il était fait pour t’enfanter ; j’ai vécu une grossesse relativement calme, quelques maux oui, auxquels je me suis très bien adaptée, la chance d’avoir eu une bonne santé tout au long, et un moral d’acier au fil des semaines. Ma sage-femme d’amour, celle qui m’a accompagné dans mon chemin vers la maternité, celle dont tu as souvent entendu la douce voix, me parle de « révélation« . Oui c’est peut-être ça : j’étais effrayée par la grossesse avant, je ne me suis jamais imaginé que ça puisse être merveilleux, alors quelle ne fut pas ma claque de découvrir à quel point je m’y sens bien.
Et ce 9ème mois amorce la fin de notre fusion, mon tout petit. La fin de notre aventure, la fin de ma lune de miel. Je vois désormais le sentier se terminer, j’avance inexorablement vers cette nouvelle aventure, je regrette déjà la grossesse.

Mais en même temps, il me tarde tellement de te découvrir. A quoi ressembles-tu, Little Nanaki? On n’a pas eu d’échographie 3D, et Fripouillon que tu es, tu n’as jamais daigné nous montrer ton profil, alors l’ensemble de tes traits demeure un mystère pour nous. As-tu les yeux noirs de ton papa? Le nez-patate de ma famille? Les cheveux bouclés, épais, foncés, blonds ?
Et de quel genre es-tu? Est-ce le prénom fille, notre coup de coeur absolu, ou le prénom garçon, sur lequel nous avons tant planché, qui te seras attribué ? Comment cela sonnera-t-il dans la salle d’accouchement, lorsque ton papa te nommera pour la première fois ? Quelle sera l’intensité de l’émotion qui me traversera lorsque tu plongera ton profond regard dans le mien ?

Au 9ème mois, l’instinct animal prend le dessus. J’ai besoin de me replier sur moi, de faire mon nid, de douceur pour t’accueillir. Les problèmes autour de moi ne m’intéressent pas, je me forge une carapace qui nous protège de tout ça. Que se passe-t-il dans le monde aujourd’hui ? Comment se portent mes proches ? Quel est le tube de l’été, le dernier blockbuster ? Je n’en sais fichtrement rien. Ça n’a pas d’importance, l’important c’est nous, l’important c’est Toi. Mon corps s’apprête à  mettre au monde un être vivant de 3,5 kg qu’il va expulser après une dizaine d’heure de travail et de douleur : je concentre toute mon énergie à le préparer et le préserver pour ce grand marathon, je n’en ai plus à consacrer à rien d’autre. Je ne suis plus rationnelle, je ne suis plus cérébrale : je suis faite d’émotions, de ressentis, de spontanéité.
C’est déroutant pour les autres. C’est déroutant pour ton papa qui lui, ne voit l’échéance qu’à travers un calendrier (et la circonférence de mon bidon!), il ne la ressent pas au plus profond de ses entrailles. Il est dépendant de moi pour te rencontrer. Déroutant pour l’entourage, que je n’écoute presque plus, que je ne suit plus, que j’ai mis entre des parenthèses. Petit à petit, la vie autour se met entre parenthèses. J’en reprendrai le fil quand tu seras là, mais pour l’instant, tel un papillon, j’ai besoin de filer mon cocon pour que notre famille puisse éclore dans toute sa beauté.

Dans quelques jours, mon bébé, nous serons bel et bien 3. Il est important, ce 9ème mois, pour se rendre compte de ça ♥

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merci à toutes celles qui m’ont suivie durant cette grossesse qui fut pour moi une période merveilleuse (je sais que c’est loin d’être universel, et je souhaite apporter mon soutien et mes pensées vers les Mum-to-be qui galèrent ou en ont ras-le-pompon, on peut également en parler ouvertement, c’est même salutaire !) ! J’ai aussi été ravie de découvrir de nouvelles plumes, puisque forcément mes lectures sur la blogo ont radicalement changées depuis 9 mois ! Ce n’est pas un adieu, hein, je vais continuer à venir vous lire et échanger avec plaisir avec vous, parlant de mes premiers pas dans le monde de la parentalité cette fois ! Mais pour le mois de Juillet, j’essayerai de programmer des articles (celui-ci l’est) mais je serai bien peu présente, vous comprenez aisément pourquoi 😉
Des bisous les zamies ❤ et bonnes vacances à ceux/celles qui en profitent !

19 commentaires sur “Le neuvième mois.

  1. Parfaitement résumé, j’aurais pu écrire la même chose à la fin de mes belles grossesses ;o)
    Je te souhaite une très jolie fin de grossesse, et bientôt le début d’une toute nouvelle aventure pour prolonger ce merveilleux lien, qui parait déjà si magnifique mais que tu commences pourtant à peine à construire!

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  2. Pour moi qui n’accouche qu’à terme **Et je ne m’en plains pas du tout que des bébés tout ronds en parfaite santé** le 9ème mois a toujours été le plus looonnnnnggggg !!!! ❤❤❤

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  3. Profite de ces moments de fusion avec ton Bébé, c’est tellement précieux (et long parfois!)
    Je n’ai pas été jusqu’au terme, ma Poupée est née prématurément à pas tout à fait huit mois de grossesse. Ces dernières semaines m’ont manqué, peut-être que je connaîtrais ça un jour 😉

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    1. Merci!
      je te souhaite de la connaitre alors , car c’est vraiment une période étrange mais très belle, je trouve ! Du moins quand on ne souffre pas trop de différents maux de grossesse . J’imagine que ça doit être un manque, oui, de ne pas aller au bout.

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      1. oh oui ça doit être vraiment quelque chose de très fort une situation comme celle-là ! Que les gens qui n’ont pas vécu ça ne peuvent sûrement pas comprendre.

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      2. Surtout la prématurité en fait. Même moi je n’étais pas tellement informée, je ne me rendais pas compte de ce que c’était avant de vivre tout ça. Mais bon, c’est « loin » maintenant, et on profite surtout de ces précieux moments que la vie nous offre 🙂
        Bonne fin de grossesse à toi!

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  4. Je me retrouve tellement dans les sensations que tu ressentais la nuit lol je n’avais pas pris le temps de regarder tous les autres articles que tu as fait et ça me fait du bien aussi de te lire 😉 J’ai la sensation de vivre un peu ma grossesse comme tu l’as vécue!

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    1. Ça me fait super plaisir ce que tu dis !
      je te souhaite de nouveau une très belle fin de grossesse, profites-en (on a du te le répéter souvent !) et prépares-toi en douceur à l’arrivée imminente de ce petit bout de chou !

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      1. On arrête pas de me répéter d’en profiter ce qui laisse présager de gros gros changements pour la suite mais je nous fais confiance à mon homme à moi et à notre futur bébé pour que nous trouvions notre rythme 🙂 merci beaucoup pour ces gentilles paroles en tout cas 😉 bises

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