Travailler et continuer l’allaitement.

Me voilà de retour avec un 2e article parlant allaitement, toujours dans le cadre de la SMAM 2018 (semaine mondiale de l’allaitement qui vient de se terminer… oui, je suis en retard!). Je vais aujourd’hui causer d’un sujet que j’ai plusieurs fois évoqué : ma reprise du travail, ma poursuite de l’allaitement, et mon tire-allaitement.
En Novembre 2017, après avoir profité des premières semaines de Ty’Pêche à 3 (j’en cause ici), je repris bon-gré-mal-gré le chemin du travail. Je ne voulais absolument pas sevrer bébée avant ses 6 mois, et j’avais déjà vu des collègues tirer leur lait, je savais donc que cela était possible et que ma chef était open. Je me suis donc lancée dans l’aventure tire-allaitement !

Ce que dit la loi
Instant théorique mais ô combien important ! Bien que le congé maternité ne soit que de 10 semaines post-accouchement, alors que les recommandations mondiales préconisent 6 mois d’allaitement exclusif, la France tente tout de même de soutenir la poursuite du nourrissage au lait maternel des petits cocoricos. La loi stipule donc que l’employeur a l’obligation de dégager 1 heure dédiée à l’allaitement (par tranche de 6h00 quotidiennes de travail), à toute maman qui en fait la demande, dans la limite de la 1ère année de l’enfant. Allaitement signifiant : quitter son lieu de travail pour aller donner le sein, ou bien bénéficier d’une pause pour tire-allaiter (ou de 2 pauses de 30 minutes). L’employeur n’est pas obligé de rémunérer ce temps dédié. De plus, chaque entreprise de plus de cent salariées doit pouvoir prévoir des locaux dédiés à l’allaitement (alors là, pas évident, hein !). Si présence de ce local, le temps de pause peut être réduit à 2×20 minutes.

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Comment je me suis organisée

J’ai commencé par, logique, louer un tire-lait (avec l’ordonnance de location que la maternité m’avait faite). Je l’ai fais via un internet, sur le site suckle-fr, pour m’assurer de n’avoir aucun dépassement d’honoraire et de pouvoir choisir mon modèle (mais il est possible de le louer en pharmacie). J’ai opté pour un double pompage, pour le gain de temps : en effet il est important de tirer au moins 20 minutes chaque sein, donc autant que les 2 se fassent en même temps ! Il s’agit du Symphonie de la marque Medela, il est un peu volumineux par rapport à ses concurrents, mais il est vraiment efficace, fiable, et silencieux !
Une fois le modèle choisit, il faut commander un « set de tirage » qui comprend le petit matériel (tubulure, valves …) mais surtout les téterelles : l’objet qui va se poser sur votre sein et permettre l’aspiration du téton et le recueil du lait. J’ai donc mesuré mes tétons pour commander la bonne taille (glamour !!!). Vous pouvez trouver sur internet des réglettes pour les mesurer, ou le faire tout simplement avec une règle ; la mesure se fait après une tétée. Avoir des téterelles adaptées est très important : trop petites, elles risques de blesser votre sein et causer une crevasse ; trop  grandes, elles ne stimuleront pas assez et votre collecte de lait sera minime.
Enfin, j’ai acheté des sachets pour pouvoir congeler le lait au cas où je tirerai plus que nécessaire. (j’ai testé les Bébé confort, les Avent et les Nuk, ma préférence revenant aux premiers cités).

source medela.fr

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Les débuts, les réserves et le tirage au travail

L’un des stress des mamans tireuses, c’est d’avoir assez de lait à fournir pour couvrir les besoins de leur progéniture. J’ai loué mon TL (tire-lait pour les intimes) 3 semaines avant ma reprise : tout d’abord pour apprivoiser la bête, ensuite pour faire quelques sachets de réserve. Je me souviens de ma 1ère fois : c’était vraiment une drôle de sensation, cette aspiration de la machine, voir son téton se déformer dans la téterelle, puis le réflexe d’éjection se faire et le lait gicler … Puis passée la curiosité, j’ai vite compris que 20 minutes (au minimum, 30 min étant le top) accrochée à la machine, ça allait être looooong … et qu’il allait falloir que j’apporte de l’occupation pour me changer les idées durant ce temps.

J’ai commencé le travail avec quelques réserves (autour 1 litre, je crois). Il ne faut pas trop se mettre de pression par rapport à ça : d’une, le stress nuit à la lactation et peut induire un blocage lors du tirage ; de deux, on tire toujours moins de lait lorsqu’on est avec bébé (bébé se servant largement à la source) que lorsqu’on a quelques heures d’absence au compteur (un tirage remplaçant une/des tétées). Mes réserves ne m’ont donc pas vraiment servies, parce que dès le départ, Ty’Pêche consommait ce que j’avais tiré la veille au travail : nous étions donc en auto-suffisance et le roulement était idéal.
J’en profite pour vous mettre un tableau des durées de conservation du lait maternel, super important !
NB : la Leche League reconnaît la conservation du lait jusqu’à 8 jours au réfrigérateur, selon les études les plus récentes (source ici).

source medela.fr

Je m’octroyais donc une pause de 30 minutes, chaque jour de travail, pour exprimer mon or blanc. Tasse de tisane d’allaitement fumante, portable ou bouquin à la main (je suis infirmière, je n’apportais donc pas de boulot avec moi pour occuper ce temps !), cette pause était devenue mon petit moment perso, à checker les copines sur facebook, superviser les sites d’actualité, lire mes mails perso… ou me détendre. La salle où je me trouvais était calme et je n’étais pas perturbée par les sons ou l’agitation. Une fois terminé, je vissais mes petits biberons de lait et les rangeais au frigo ou dans mon sac isoterme, pour les conserver ; j’enfermais mon matériel de tirage dans une boite plastique.

De retour à la maison, je nettoyais mon matériel au savon et eau chaude (pas besoin de stériliser) et je faisais « pasteuriser » mon lait afin de tuer les lipases : ce sont des enzymes de prédigestion, présentes naturellement dans le lait maternel. Certaines femmes les sur-développent, et cela donne un goût de « fromage » ou de « savon » au lait, qui peut être très désagréable pour bébé. J’ai vite senti que mon lait développait ces lipases, et visiblement Ty’Pêche n’aimait pas, donc j’ai inclus dans ma routine cette chauffe (60 degrés maxi, au delà les nutriments du lait sont abîmés).

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Aujourd’hui, 14 mois après

J’ai arrêté les tirages au travail aux alentours des 10 mois de Ty’Peche, quand elle savait se passer de lait en journée. Je n’en fut pas mécontente : certes cette pause me plaisait assez au début, mais la logistique (apporter son sac avec le TL et le matos, stocker, nettoyer,  chauffer…) me fatiguait. Et j’en avais un peu marre de me couper de mes collègues durant 30 minutes (ma seule pause de ma journée de travail, dédiée donc uniquement aux tirages). Je continue de tirer mon lait, à la maison, lorsque je commence tôt le matin et que Ty’Pêche n’aurai pas tété dans la nuit (donc, vraiment pas souvent). J’ai encore quelques réserves au congélateur, Chéri tape dedans de temps en temps, bref ça se déroule bien.

Cette expérience fut très enrichissante car j’ai pu me rendre compte (et encore, si peu …) du quotidien des mamans tire-allaitantes exclusives, de temps énorme passé à tirer-chauffer-nettoyer , et je ne peux que leur tirer mon chapeau ! Elles sont vraiment courageuses et méritent le plus grand respect ! Je suis également fière de concourir, à mon petit niveau, à démocratiser le tire-allaitement au travail, et la poursuite de l’allaitement. Malgré quelques brimades à base de « vache laitière » et « tu vas te traire », mes collègues ont été globalement respectueux, compréhensifs, et même n’en avait pas grand chose à faire (et c’est parfait !). Je suis fière de moi, d’avoir su m’organiser et tenir autant de mois, d’avoir réussit à continuer à donner mon lait à ma fille. Et ce n’est pas elle qui dira le contraire ! Maintenant, elle se contente de téter quand je suis présente, et de recevoir du lait uniquement sur mes absences du matin. Et l’on verra jusqu’où nous iront ensemble !

Des expériences de tire-allaitement parmi vous ?

 

5 commentaires sur “Travailler et continuer l’allaitement.

  1. Un super article ! Les mamans qui souhaitent reprendre le travail en poursuivant l’allaitement sont parfois un peu perdues… Ton article est une mine d’or de bons conseils ! Et puis, il a de quoi encourager les autres femmes à tenter l’aventure ! Merci d’avoir partagé ton histoire ici !

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  2. Félicitations pour cette belle expérience ! Ici tire allaitement aussi afin que bébé Lu n’ai que mon lait, et je pense que ça m’aidait aussi à déculpabiliser par rapport à la reprise du travail. J’ai commencé à tirer à ses 3 mois alors qu’en il me restait encore deux mois avec lui car j’avais peur de la pénurie ! J’avais 5 litres en stock quand j’ai repris le travail et j’ai fini par les mettre dans le bain ou la purée car j’ai réussi à tenir en flux tendu ! Je tirais le matin, le midi, au goûter et le soir de peur de ne pas avoir assez de lait ! Par contre j’ai la chance de rentrer déjeuner alors je tirais mon lait tranquillement chez moi. Je l’ai fait jusqu’au 1 an de bébé Lu, après il n’a plus voulu de biberon à la creche ! Du coup j’ai continué à tirer juste le midi pour en faire don au lactarium. Comme toi je suis très fière que mon enfant n’ai jamais eu une goutte de lait industriel.

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    1. super parcours ! Tu peux être fière, tu as raison ! Ah oui moi je n’avais pas la possibilité de tirer plus qu’une fois. Mais ça suffisait donc on n’a pas eu à se prendre la tête à ce propos, ouf ! Et c’est pas mal, si ça a pu t’aider à déculpabiliser ! Parce que c’est vrai qu’on se sent, je pense toutes, un peu mal de laisser nos babychous !

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