Aie confiance… Crois en toi !

C’était au début de mes études en soins infirmiers. Elle s’appelait Nicole, elle était formatrice. Nous faisions un exercice d’auto-analyse où nous devions parler de notre personnalité, des qualités des défauts ; bref les trucs classiques afin qu’une nouvelle promo se découvre et amorce sa nouvelle formation. Alors que la majorité des étudiants pointe son manque de confiance en soi, tout en dénigrant l’excès de confiance, elle nous lance au dessus de ses lunettes vert pomme « Et est-ce que ça existe vraiment, les gens qui ont trop confiance en eux ? » . C’était en Septembre 2009, et alors que la plupart de mes condisciples ont balayé sa remarque d’un revers de main, je suis toujours aujourd’hui dans le doute. Peut-on avoir trop confiance en soi ?

Quand Chuck Norris est né, la confiance en soi est née aussi.

Qu’est ce que la confiance en soi ?
Il est bien difficile de trouver une définition de la confiance en soi. Je réunis d’abord des définitions d’origines très variées, glanées ci et là, et parfois un peu en opposition :

  • « Avoir confiance en soi c’est avant tout se connaître, c’est croire en son potentiel et en ses capacités » {psychologies.com}
  • « Croyance en la capacité de réussir dans des situations spécifiques ou d’accomplir une tâche. » {Albert Bandura, psychologue et professeur à Stanford}
  • « Nous retrouverons toujours, à des degrés divers et sous formes variées, ces trois ressorts de la confiance en soi: la confiance en l’autre, la confiance en ses capacités et la confiance en la vie. » {Charles Pépin, philosophe}
  • « Le terme de “confiance en soi” recouvre quatre dimensions qui se construisent les unes après les autres au cours de notre développement : d’abord le sentiment de sécurité intérieure ; ensuite la confiance en sa propre personne ; puis la confiance en ses compétences ; enfin la confiance relationnelle. » {Isabelle Filliozat, Fais-toi confiance}
  • « La confiance en soi, dans la vie, ne se décide pas, elle nous est donnée par les autres, d’abord par les parents puis par l’entourage. » {Catherine Gueguen, Pour une enfance heureuse}.
  • « L’enfant nait confiant. » {Maria Montessori}

On note donc une notion commune de croyance en ses capacités, mais aussi une influence de l’extérieur, notamment de l’entourage proche.

Le terme « confiance » seul est définit par le Larousse par l’ « Assurance, hardiesse, courage qui vient de la conscience qu’on a de sa valeur, de sa chance » mais également le « Sentiment de quelqu’un qui se fie entièrement à quelqu’un d’autre, à quelque chose » .

Avec toutes ces notions, et avec ma sensibilité personnelle, je définirai donc la confiance en soi comme un sentiment d’assurance vis-à-vis de sa personne et de ses possibilités. J’ajouterai que la confiance se co-construit (et/ou se détruit) tout au long de sa vie, en étroite relation avec son entourage et les expériences de vie. Qu’en pensez-vous ?

Ma relation à ma confiance en moi
Comme une large majorité de la population (y’a pas d’études là-dessus, c’est une constatation personnelle) j’ai longtemps souffert d’un cruel manque de confiance en moi. Pourtant je suis arrivée à l’aube de mes 18 ans sans heurts dans la vie, avec des parents aimants et solides, un parcours scolaire idéal, un entourage amical, une vie plutôt épargnée de souffrances et d’accidents. Qu’est ce qui fait donc que la jeune adulte que j’étais n’avais absolument aucun foi en sa capacité à réussir à faire quelque chose de ses 10 doigts pour ces 50 prochaines années ? Je ne vais pas épiloguer là-dessus par pudeur pour mon entourage (car, je crois en effet que l’influence de l’entourage est primordial) mais il s’agit d’un ensemble de petites postures, propres aux moeurs d’il y a 30/40 ans, qui ont plus « mécanisés » mes compétences, plutôt que m’apporter réellement la confiance en ce que je faisais.

Je m’explique, par cet exemple : J’ai toujours eu les mathématiques faciles. Cette capacité, souvent soulignée, rabâchée, est devenue une mécanique, et même une obligation : avec le temps je me DEVAIS d’avoir une aisance et une réussite en la matière, sans que ce soit du domaine de ce que je pouvais, de ce que je comprenais ou même de ce dont j’avais envie. « Nanakie est bonne en maths » c’était devenue une affirmation, et elle se devait d’être vraie. Je me souviens que lors de mon année de 5ème, je plafonnais à 18/20 de moyenne en maths, et ceci sans forcer mon talent ; or mon dernier examen de l’année me gratifia d’un superbe 9/20 qui me valu un gros commentaire rouge brique sur ma feuille « Que s’est-il passé ???!!! » de la part du professeur visiblement médusé. Il ne lui venait pas à l’idée qu’il se soit « passé » que je n’ai tout simplement pas bien assimilé la dernière notion vue ? En tout cas, cela semblait invraisemblable. Dans la mouvance de la parentalité positive ou bienveillante ou consciente ou Whatever, pour évoquer une réussite scolaire, on proposerai plutôt la tournure de phrase suivante « Tu as compris cette leçon de mathématique ; tu as réussis cet exercice ; ton travail t’a permis de réussir. » . Qui concentre la réussite sur UNE notion, et donc sur l’effort fournit, plutôt que d’ancrer une généralité qui va insidieusement devenir une vérité, qu’on appelle bien souvent « étiquette » (et entraîner une pression de réussite, de conformité à ladite étiquette). D’autant plus que, depuis ma facilité à comprendre et appliquer les mathématiques, a émergée une notion de « Nanakie aime les maths » . Eh bien oui, puisque je réussissais systématiquement, forcément j’aimais cela. Ah ah ah, NOPE. D’aussi loin que je me souvienne, je n’ai jamais aimé les mathématiques que je trouvais d’un ennui infini, et le lycée arrivant, d’une complexité et d’un inintérêt grandissant. Pour l’anecdote, j’ai eu mon bac avec un timide 11/20 en mathématiques, ce qui est loin d’être une note de « bonne en maths » mais tout simplement une moyenne. Je dirai même qu’avec l’avènement de la calculatrice, je suis devenue une très mauvaise calculeuse et je ne connais même pas toutes mes tables de multiplication (Oh ! God !).
BREF, mon exemple pour exprimer que : ce n’est pas parce que j’étais bonne en maths et qu’on me l’a rabâché, que cela m’a aidé à développer ma confiance en moi. Au contraire cela me mettais une pression de réussite et une vision dévalorisante de l’échec, qui creusait mon manque de confiance. Effet inverse à celui recherché !

Maria Montessori disait qu’il ne fallait pas complimenter un enfant, non pas pour ne pas lui développer un égo surdimensionné (LOL, phrase déjà entendu hein), mais parce que la félicitation ne participe PAS au développement de l’égo justement. Selon elle, les félicitations parentales (les « Bravo ! C’est bien ! Je suis fièr.e de toi ! ») gratifient l’enfant certes, mais entraineraient une dépendance au regard parental, et donc une recherche (inconsciente, cela va de soi) de la fierté parentale plutôt qu’une recherche du développement personnel et in fine, de la confiance en soi. Alors, on ne dit rien ? Non évidemment, l’indifférence parentale est encore plus ravageuse. M.M. donnait le conseil de toujours ré-orienter la fierté vers l’enfant : « Tu peux être fier de toi ! Tu as réussis ! Tu as beaucoup essayé avant d’en arriver là, quel chemin parcouru ! » qui sont des phrases qui sèment bien plus de graines de confiance, puisque réellement orientées vers l’enfant et son action X. Bon, personnellement, j’ai beaucoup de mal à bannir le « Bravo » de mon vocabulaire car je suis réellement admirative et enthousiaste des réussites et évolutions de ma fille. C’est inné, c’est spontané, ce serai me forcer que de ne pas la complimenter. Mais j’essaie d’ajouter un « Est-ce que tu es contente de toi ? » le plus souvent possible… tout un travail de remodelage des habitudes ! {je vous invite à lire cet article de Floriane pour creuse le sujet}.

image Pexels

Puis avoir confiance en moi
C’est via mes pérégrinations d’adulte que j’ai développé, petit à petit, ma confiance en moi. Une fois de plus, ma réussite en formation professionnelle n’y est pour rien : lorsque j’appris que j’étais diplômée infirmière, j’eus un immense sentiment d’imposture et l’envie de m’enfuir très très loin, persuadée que sur le terrain je ne valais absolument rien et que mes formateurs s’étaient sacrément plantés. Et pourtant, le lendemain j’embauchais pour mon premier poste, au milieu d’une équipe d’une bienveillance* et d’une patience remarquable, et encouragée par une Cadre de service qui su avoir les mots. J’y est évolué, telle une chenille qui parcours timidement les feuilles, tisse sa chrysalide confortable et un jour, s’en échappe et déploie ses grandes et solides ailes de papillon. Il m’a fallut 3 ans pour me sentir légitime à cette place qui est toujours la mienne à l’heure actuelle.

*soit dit en passant, quand je vois des hashtag « bienveillance mais pas trop » : non mais que de bullshit ! Il y aurai trop de bienveillance ? Si cette équipe soignante ne m’avait pas inondé de bienveillance, je n’en serai pas là aujourd’hui… Alors MERCI, merci la bienveillance. {bienveillance ≠ sacrifice, abnégation, oubli de soi, ndlr}

En parallèle, il y a bien évidemment la présence et la solidité de l’homme qui partage ma vie depuis 12 ans, qui a toujours eu une confiance aveugle en moi, que ce soit au niveau conjugal qu’au niveau de mes compétences personnelles. Avoir basé notre couple sur la confiance, bannir le « doute de premier intention », entretenir un dialogue serein, savoir se remettre en question et avoir la lucidité de reconnaître ses tords, ce sont des bases hyper solides sur lesquelles notre famille en tant qu’entité, et en tant qu’individus, se construit actuellement. Savoir que mon Mari est là et que je peux me reposer sur lui quand j’en ai besoin, apporte un confort, une sérénité et une légèreté au quotidien. En effet, comment espérer construire sa propre confiance si notre énergie est dépensée à douter de l’autre ?

Enfin, bien évidemment mon entourage amical et familial a également participé à cette construction. J’ai su, avec le temps, comment utiliser les actions et les mots des uns et des autres pour qu’ils alimentent ma confiance.

Ainsi je devins Queen B 😎

Avoir confiance en soi, 100% du temps ?
Oh bien sûr, avoir confiance en soi n’est pas une caractéristique perenne comme pourrai l’être la couleur de nos poils ou la taille de nos pieds. Elle s’égrène aussi facilement qu’elle se construit. Elle n’empêche pas les doutes ni les échecs, bien sûr ! Quelqu’un qui a confiance en lui, n’est pas la personne qui est persuadée qu’elle va réussir ni celle qui réussit à tous les coups : non, c’est celle qui sait qu’elle a les ressources pour tenter quelque chose, et les capacités pour accueillir soit la réussite, soit l’échec. C’est aussi la personne qui saura donner à l’échec sa vraie valeur : non pas une raison de se flageller ou de s’auto-détruire, mais une occasion de s’améliorer, d’analyser ce qui bloque, et la possibilité d’emprunter un chemin de traverse. La confiance permet de bannir la « honte de l’échec », une tendance une fois de plus ancrée puissamment dans la société du paraître et du superficiel.

Et les excès de confiance, alors ?
On en arrive à ma question de base : est-ce possible d’avoir un excès de confiance ? Je dirai oui, on peut être persuadé de réussir et finalement, échouer. Et j’ajouterai que l’excès de confiance n’est pas quelque chose de mauvais en soi, ce n’est qu’une erreur de jugement, et si l’on a conscience de sa valeur et de ses capacités, ça ne devrai être ni bloquant ni destructeur.

Deuxième question : existe-t-il des gens qui ont trop confiance en eux ? Là, je dirai non. Une personne qui aurai une confiance excessive en toutes circonstances ? Non, je n’en ai franchement jamais rencontré. Mes expériences de vie, mes diverses formations en socio et en psychologie, ainsi que ma propre confiance en moi me font dire aujourd’hui que la totalité des personnes que j’ai rencontré qui renvoyaient une hyper-confiance, sont en réalité des gens qui souffrent d’un très grand déficit en confiance et le rejettent donnant illusion d’être solides et sûrs d’eux ; hélas, cela se fait au dépourvu des autres, utilisant « l’écrasement » d’autrui, recherchant désespérément une supériorité qui ne va finalement leur apporter qu’une satisfaction éphémère et ne servira pas à se sentir mieux sur le long terme. En effet, la confiance en soi se construit grâce aux autres, mais certainement pas au détriment des autres. Dévaloriser, souligner la médiocrité d’autrui, ou sans cesse comparer ce qu’on a pu faire de mieux, sont des stratégies de défenses mais ne sont absolument pas efficace pour le développement de soi. Une fois que la personne se retrouve seule avec elle-même, à quoi lui sert de savoir qu’elle a fait mieux que Jean-Louis, ou qu’elle avait bien prévenu que Martine avait tord ? Quelle solitude profonde ne doit-on pas ressentir pour ne fonctionner qu’avec ce genre de pensées, et finalement ne jamais réussir à recentrer les choses sur soi ? De mon expérience, une personne qui montrerai une immense confiance au point de vous faire sentir nul, méprisable, et susciter une colère en vous (parce qu’on ne les aime pas beaucoup, ces gens-là, hein), a surtout besoin… qu’on lui tende la main. Mais hélas elle consomme tellement d’énergie à tout le monde, et entraîne des comportements de rejets, que personne n’a envie de la lui tendre, cette main bienveillante (et ça se comprend, il faut se protéger aussi).

Pour conclure
En tant que Maman, qui fut profondément bouleversée par la maternité, je dirai aujourd’hui que mon principal but éducatif est que ma fille aie confiance en elle. En moi, en les autres, oui, mais premièrement en elle. Tout le reste, les valeurs classiques : respect, partage, empathie, … ne sont pas prioritaires car selon moi, elles découleront naturellement d’une personne qui a confiance en elle. Alors, ma fille, mes enfants, je veillerai chaque jour à vous fournir des graines de confiance, à vous aider à les cultiver même si je n’ai pas la main verte ; vous observer essayer, échouer, réussir et accueillir vos pas dans la vie avec le même regard enthousiaste et encourageant ; à ne pas vous persuader que vous alliez réussir ou échouer selon mes propres certitudes, mais à vous écouter mobiliser vos compétences face aux obstacles sans donner, sans même avoir un avis ; à vous consoler, vous couvrir d’amour, vous rappeler le chemin parcouru et vous ouvrir les yeux sur les multiples chemins qui sont possibles devant vous ; à être fière de vous mais essayer de ne pas en faire une référence, et vous pousser à être VOUS, fièr(e)s de vous.

Une Ty’Pêche pleine de confiance et un Papa qui refoule ses craintes pour accompagner sa fille là où elle veut aller ♥

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Et vous, quel est votre rapport à votre confiance ?
Que pensez-vous de cette théorie selon laquelle « il n’existe pas de personne qui aie trop confiance en elle » ?

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6 commentaires sur “Aie confiance… Crois en toi !

  1. Je suis parfaitement d’accord avec tout ce que tu dis sur le trop de confiance !

    Y en vraiment des personnes qui pensent qu’on peut être trop bienveillant ? :O Je pense qu’elles n’ont pas bien compris ce qu’est la bienveillance… La bienveillance c’est regarder l’autre sans condescendance ou a priori, le prendre comme il est, le comprendre, et, in fine, l’aider.

    La taille de nos pieds n’est pas une caractéristique pérenne ! 😛 Les pieds grandissent toute la vie ! (Le nez et les oreilles aussi, je crois)

    C’est marrant que tu parles de fierté, j’en parlais y a pas longtemps sur le blog.
    Je crois que c’est un peu compliqué d’être fier de soi parce que bon, y a les problèmes de confiance en soi, mais en plus j’ai découvert que quand je suis fière de moi une partie de moi étouffe ce sentiment comme si c’était mal… y a du boulot !

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    1. {je t’avoue que je n’ai pas réussis à vraiment trouver une caractéristique pérenne chez l’être humain… je crois qu’il n’y en a pas !!}

      Ah oui, c’est un autre vaste débat la fierté : pourquoi est-ce mal vu d’être fier de soi ? Pourquoi on mélange tout de suite la fierté à la vanité ? Qui se permet cela, ne serait-ce pas justement les gens en manque de confiance qui déplorent la fierté de ceux qui l’éprouve ? 😇

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      1. Que les autres soient fiers d’eux ne me gêne pas du tout, au contraire ! Mais je ne sais pas, sur moi d’abord j’étais super surprise de ce sentiment qui ne m’arrive jamais, et en plus je pense qu’il y avait aussi un côté « j’ai pas le droit »

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  2. Je t’ai lu avec beaucoup d’intérêt. Et je partage avec toi cet objectif prioritaire dans l’éducation de mes enfants.
    Je pense que ma confiance s’est construite au fil de la vie et des expériences. Je peux dire aujourd’hui que j’ai confiance et que je crois en moi. Alors que ce n’était pas du tout le cas il y a 10 ans par exemple.

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